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Les pistes de réflexion du collectif Animacoopien - Coopération/Collaboration: quelles différences ?


Champs disciplinaires concernés

Louise Brabant (2005, p.145-149) présente l'origine du mot "coopération" et sa signification selon différents champs disciplinaires. De même, dans sa thèse Elzbieta Sanojca explore la coopération selon les champs disciplinaires et apporte des éléments complémentaires.

On retrouve le concept de "Coopération" dans :
  • psychosociologie - Définition : "la coopération est une dynamique d'action où l'addition des forces compensant les erreurs de réalisation contribue à accroître l'efficacité du groupe. Ce gain d'efficacité apparaît seulement dans l'interaction ininterrompue de laquelle sont exclus le conformisme, la négation, l'abstention et l'indifférence. Mais où est inclus que chacun accepte et contrôle la contribution de chacun des participants de l'action. De fait, l'efficacité de la coopération repose sur le traitement adéquat des obstacles à la communication tels les préjugés, la crainte du supérieur, la distance sociale et la feible densité des contacts. D'autre part, certains facteurs contribuent à accroître l'efficacité de la coopération, tels les buts communs, la grande densité des contacts, la sympathie, le faible écart hiérarchique, etc. Mais, que les mesures pour favoriser la coopération soient informelles ou formelles, la coopération recherchée consiste toujours à instituer des relations de communication entre tous les membres du groupe afin d'établir !'organisation, les buts, les moyens et les modalités de cette activité. Cependant le régime de travail de la coopération exige contrairement au proverbe anglais que "le temps ne soit pas de l'argent" (François Richaudeau, Les dictionnaires du savoir moderne : théories et pratiques de l'action , Éditions CEPL, Paris, 1974, p. 46, cité par BRABANT, 2005, p.148)
  • philosophie - Définition : "la coopération est le résultat d'un processus social dans lequel les individus sont chacun psychologiquement déterminés. La mise en forme de la coopération sociale est un construit caractérisé par la rencontre des intersubjectivités par laquelle tous délibèrent de la meilleure finalité sociale à produire. Cette détermination par la pratique de la discussion place au-dessus de la coopération instinctive, spontanée ou imitative pour se donner de la compagnie ou de l'importance, la coopération de !'intelligence réflexive pour se donner une société (Peter Smith, Dictionary ofphilosophy and psychology, Éditions Gloucester, Mass, 1960, p. 234, cité par BRABANT, 2005, p.149)"
  • Sociologie - Définition : Elle pose la coopération "au niveau social comme une entente entre les citoyens en vue d'un but commun : une société démocratique. Cette entente par et dans la coopération est un indice de la solidarité. Elle renvoie, avec Durkheim, à une structure forte de solidarité en opposition à une structure faible de concurrence et d'individualisme" (Dictionnaire de la sociologie, adaptation française par Armand Cuvillier, Paris, 1970, p. 268, cité par BRABANT, 2005, p.146)
  • économie - Définition : "L'économie associe la coopération à un système associatif anti capitaliste par lequel est affirmé la prééminence du service social sur le profit individuel" (Citation de Pirou et Byé, traité d'économie politique dans le Dictionnaire de la langue Française, p. 910, cité par BRABANT, 2005, p.146)
  • économie politique - Définition : La coopération est "une méthode d'action par laquelle des personnes, ayant des intérêts communs, s'associent en vue d'un profit au prorata de leur activité. Cette conception reprise et diffusée par le réformateur et économiste R.Owen (1771-1858) façonna les bases des coopératives de travail ainsi que l'idée de coopération économique" (Trésor de la langue Française, p. 142, cité par BRABANT, 2005, p.146)
  • théologie - Définition : la coopération est "un effort personnel pour porter le bien : le plus parfait exercice de la volonté qui, parce que librement choisi, participe à la grâce d'aimer" (Trésor de la langue française, dictionnaire de la langue du XIX e. siècle et XX e. siècle, Éditions Centre national de la recherche scientifique, sous la direction de Paul hnbs, Tome 6, Paris 1978, cité par BRABANT, 2005, p.147)
  • psychologie - Définition : "L'effet de grâce est repris en psychologie comme une récompense psychologique partagée entre tous les membres de l'activité" (Dictionnaire général des sciences humaines, Georges Thines et Agnès Lempereur, Éditions CLACO, Tome I,Paris, 1984, p. 229, cité par BRABANT, 2005, p. 147). "Outre cet effet sur l'affect, la coopération en tant que capacité d'échanger avec autrui agit sur le développement de la logique de l'individu étant donné que l'équilibre de ses opérations cognitives lui est subordonné" (Jean Piaget, Psychologie de l'intelligence , 1947, p. 197, cité par BRABANT, 2005, p.148)

Ces définitions disciplinaires renvoient à différents paradigmes mais ont un noyau de sens : "l'entente pour faire ensemble quelque chose d'intérêt commun" (BRABANT, 2005, p.149)

Définitions des concepts


Définitions de la coopération

Dictionnaire de l'Académie Française (site internet) - XVe siècle - Coopérer, mot emprunté du latin chrétien cooperari, « faire quelque chose conjointement avec quelqu’un ». Opérer conjointement avec quelqu’un ; concourir à une œuvre ou à une action commune.
Site cnrtl - "Action de participer (avec une ou plusieurs personnes) à une œuvre ou à une action commune".
Larousse - "Action de coopérer, de participer à une œuvre commune".
"Coopérer, c'est apprendre à connaitre ensemble, la coopération transforme en pédagogues les uns pour les autres" (Eloi Laurent, Faire de la coopération une source de développement)

"Coopération : agir ensemble, de manière coordonnée au travail, dans les loisirs ou dans les relations sociales, dans la pousuite de buts partagés, du plaisir de l'activité commune ou tout simplement dans la relation" (Argyle, 1991, p.119, traduction libre, cité par Elzieta Sanojca, 2018, p.40)

Contraires : abstention, concurrence, opposition, rivalité

Coopération au travail (article revue RH) : Comportement par lequel les individus conduisent leurs relations et leurs échanges d'une manière non-conflictuelle ou non concurrentielle, en cherchant les modalités appropriées pour analyser ensemble et de façon partagée les situations et collaborer dans le même esprit pour parvenir à des fins communes ou acceptables par tous.


Définitions de la collaboration

Dictionnaire de l'Académie Française (site internet) - XIXe siècle - Emprunté du bas latin collaborare, « travailler avec quelqu’un », « travailler en commun pour gagner des bénéfices (en parlant d’époux) ».
Site cnrtl - "Participation à l'élaboration d'une œuvre commune".
Larousse - "Action de collaborer, de participer à une œuvre avec d'autres. "
La collaboration correspond à "Ce cadre dynamique dans lequel des activités conjointes sont effectuées, à l'intérieur d'échanges interactifs réunissant au moins deux collègues, qui communiquent pour atteindre des buts communs, dans un contexte d'interdépendance et de parités" (Dionne, 2003, p.54).

Collaboration au travail (article Revue RH) : L'acte de travailler ensemble pour atteindre un objectif. Dans son sens commun, la collaboration est un processus par lequel deux ou plusieurs personnes ou organisations s'associent pour réaliser un travail en poursuivant des objectifs communs.

Distinction entre les concepts apparentés au concept de collaboration

(d'après L. Dionne, inspiré de Sparks et Loucks-Horsley, 1989), p.55
Concept But commun Parité interdépendance Elément cible
Collaboration oui oui oui processus
Coopération variable oui variable résultat
Partenariat oui variable oui processus / résultat
Collégialité variable oui variable processus


Selon Louise Brabant (2005, p.149), les définitions de la coopération ont un noyau de sens "l'entente pour faire ensemble quelque chose d'intérêt commun". L'entente est déduite de la mise en acte et c'est ce qui différencie les définitions : "Certaines la déduisent du processus alors que d ’autres la déduisent du résultat de sa mise en acte."

Composantes de la coopération

Selon Brabant (2005, p.149-150), les composantes de la coopération sont : "une finalité, un résultat et un processus, ainsi que leur agencement au regard du noyau de sens"

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(présenté par Brabant, 2005, p.151)

Deux notions associées à la collaboration : l'interaction et l'interdépendance

image Concept_deCollabo.png (0.1MB)
(Dionne, 2003, p.58, inspiré de Friend et Cook (1996) et de Little (1990a))

Habiletés de communication (dont la rétroaction, l'écoute active et le questionnement) sont intimement liées aux capacités relationnelles de bienveillance, d'ouverture, d'empathie et à la capacité de résoudre collectivement des problèmes.

Facteurs favorables à la collaboration (champs éducation)

image facteurs_favorables_de_collabo_schema.jpg (37.8kB)
Facteurs influençant la collaboration entre les enseignants
(adaptation à partir des modèles de Van Sell & al. (1981) et de Chrispeels & al. (1999)
Extrait de Lessard & al. (2009)

Le cadre organisationnel comprend 2 éléments : les rapports sociaux (entre les profils de personnes) et l'organisation du travail (autonomie, fonctionnement).
Les préoccupations pédagogiques renvoient aux soucis du pédagogue de transmettre des connaissances, savoirs qui soient utiles aux apprenants.
Le sentiment d'utilité est le ressenti des pédagogues lorsqu'ils se sentent soutenus et encouragés dans leur difficulté (obtention de pistes par les collègues, de façons de faire et d'outils pour surmonter les obstacles) : il “stimule la résolution des problèmes et augmente l’espoir de réussite dans l’enseignement“ (Lessard et al, 2009, p.62).

Comparaison entre travail coopératif et travail collaboratif (champs économie, organisation du travail)

Extrait de la Revue RH, vol.21, n°1, janv-mars 2018
image tableau_synthse_CollabCoop.png (0.5MB)

Comparaison entre apprentissage coopératif et apprentissage collaboratif

(Henri et Lundgren-Cayrol, 2003, cité dans le guide "Enseigner (et apprendre) en téléprésence", sous la direction de Matthieu Petit et Annette Gourvil, Presses Universitaires de Louvain, 2021) : guide téléchargeable ici
Buts : apprendre un contenu, à travailler en groupe et à devenir autonome
Repose sur une interdépendance positive entre les personnes apprenantes
Apprentissage coopératif Apprentissage collaboratif
Démarche structurée et encadrante, permettant un certain contrôle sur les apprentissages. Pour un groupe avec peu de maturité cognitive Démarche plus souple et libre, reposant sur moins de contrôle et plus d'autonomie. Pour un groupe maîtrisant un répertoire de stratégies
Tâche morcelée en vue d'être distribuée entre différents membres, chacun aynt une responsabilité spécifique. Un ensemble de sous-tâches réalisée en équipe Tâche non morcelée afin que chaque membre réalise l'ensemble de la tâche par lui-même grâce au soutien et à l'inspiration du groupe. La même tâche pour tous et réalisée par tous
Le groupe comme entité cherche à atteindre le but grâce à l'apport spécifique de chacun Chaque membre cherche à atteindre le but qui fait consensus au sein du groupe


L'organisation de la coopération dans des grands groupes (approche sociologique)

L'organisation de la coopération implique :
  • l'adhésion entière à des objectifs communs clairement définis
  • et l'attitude de coopération. Cette disposition affective et morale à coopérer avec autrui implique :
    • un sentiment d'appartenance
    • une connaissance et une approbation des objectifs
    • un désir de participation
    • une confiance envers les autres coopérateurs
    • un sentiment de co-responsabilité dans les décisions et
    • un esprit de solidarité quant aux conséquences qui découleront des décisions
(Lexique des sciences sociales, Arlette et Roger Mucchielli, Éditions Sociales Françaises : entreprise moderne, Paris, 1969, p.48, cité par BRABANT, 2005, p.147)

Ressources citées

La thèse de Liliane Dionne "La collaboration entre collègues comme mode de développement des compétences chez les enseignants : une étude de cas" :
https://archipel.uqam.ca/3725/1/D1045.pdf

La thèse de Louise Brabant "Ethique de gestion de la coopération organisationnelle", https://corpus.ulaval.ca/jspui/bitstream/20.500.11794/43461/1/22455.pdf
Article de Lessard et al. (2009) : "DE QUELQUES FACTEURS FACILITANT L'INTENSIFICATION DE LA
COLLABORATION AU TRAVAIL PARMI LES ENSEIGNANTS : LE CAS DES ENSEIGNANTS CANADIENS"
https://www.cairn.info/load_pdf.php?ID_ARTICLE=ES_023_0059&download=1

Article de la Revue RH, vol.21, n°1, janv-mars 2018, "Travailler ensemble : coopérer, ce n'est pas collaborer" : https://ordrecrha.org/ressources/revue-rh/volume-21-no-1/travailler-ensemble-cooperer-ce-nest-pas-collaborer
Guide "Enseigner (et apprendre) en téléprésence", sous la direction de Matthieu Petit et Annette Gourvil, Presses Universitaires de Louvain, 2021) : téléchargeable ici

Autres sources à explorer


Article de Lilian Ricaud : https://cooperer-en-stigmergie.net/le-livre/0_cooperation_petits_groupes/
Faire le lien avec la notion d'accessibilité effective et les communs de capabilité développée dans sa thèse par Geneviève Fontaine ? https://tetrisrecherche.wordpress.com
Instercoop : https://instercoop.fr/wp-content/uploads/2021/11/Livret-Methode-Web.pdf
Distingo entre la construction pragmatique de l'action collective en termes de méthodes (plutôt ce dont on parle dans Animacoop me semble-t-il) et la réflexion sur les luttes, alliances, coalitions, la prise en compte de la diversité, très bien amenée dans le livre d'Yves Citton "Faire avec - Conflits, coalitions, contagions" et également "Nous ne sommes pas seuls" déjà cité, qui reprennent également les notions de "diplomaties d'interdépendances" de Baptiste Morizot